Sébastien Salamand dit Le Turk

Si vous ne connaissez pas les œuvres de Sébastien Salamand, plus connu sous le pseudonyme « Le Turk », il est peu probable que vous ayez déjà vu quelque chose de semblable auparavant. Ses compositions ludiques sont remplies à la fois de joie et de désespoir. Elles combinent la décadence risquée de la scène cabaret parisienne avec un commentaire sombre et comique sur la société.

Le Turk insiste sur le fait que ses compositions « ne portent aucun message caché », mais qu'elles sont simplement « une chronique du monde étrange dans lequel nous vivons ». Tout commentaire pouvant être déduit de l'analyse de ses photographies et de ses films dépend entièrement de l'interprétation de son public. « Je m'inspire autant d'artistes comme Eugène Delacroix que de films idiots et de la culture pop folle des années 1980 », précise-t-il.

Aujourd'hui, Le Turk combine ses compétences d'artiste, de scénographe, de photographe et de réalisateur pour créer des représentations immersives du monde tel qu'il le voit. Cette approche lui a valu des relations de longue date avec des clients internationaux et des dizaines de milliers d'abonnés sur les réseaux sociaux.

« Pour être honnête, c'est le cinéma », confie Le Turk, lorsqu'on lui demande quel est son point de vente créatif de prédilection. « C'est plus difficile, plus coûteux et plus chronophage, mais c'est aussi plus ludique. La photographie est beaucoup plus facile à contrôler – elle peut impliquer ma présence et celle d'un mannequin uniquement – mais j'aime permettre au processus de trouver son propre chemin lorsque je réalise un film. Il y a du rythme dans le cinéma : le cadre bouge, il y a des mots et des sons, et de nombreux outils narratifs pour produire une œuvre plus complète. Il est difficile d'être précis, car vous rencontrez des problèmes tout au long du processus et vos plans changent. Le cinéma implique également de travailler avec davantage de personnes, chacune ayant ses propres idées qui font partie du projet final, et j'apprécie vraiment le processus. »

Cherchant toujours à s'améliorer, Le Turk affirme que la composition dont il est le plus fier est toujours la plus récente. « Ma dernière composition était un clip pour un morceau intitulé Les Charognards, ou The Scavengers en anglais », dit-il. « On y voit des vautours et une épave d'avion. Je me suis beaucoup amusé durant cette prise de vue. Chaque prise de vue est une aventure. Beaucoup de choses ne fonctionnent pas comme elles le devraient, mais j'apprends de nouvelles choses et suis toujours satisfait du résultat final. »

Comment avez-vous décroché votre premier client ?

« Mes premiers clients lorsque je suis devenu photographe étaient la marque de mode française Lilith Paris et la marque de lingerie basée au Royaume-Uni, Playful Promises. Mon premier client pour la vidéo était un musicien français, et j'ai consacré beaucoup de temps à la création de clips vidéo ces dernières années. Il n'y a aucune différence entre ce que je crée pour moi et ce que je crée pour mes clients, et ce sont même les clients qui me trouvent et non l'inverse. Les clients doivent avoir un esprit ouvert, mais ils viennent me voir, car ils sont à la recherche du type de composition que je crée. »

Combien de temps consacrez-vous à une prise de vue ?

« Le nombre de jours nécessaires pour chaque prise de vue dépend du budget, mais je peux travailler deux à trois semaines sur les dessins et la recherche, deux à trois semaines de plus sur la construction du décor, puis deux à trois jours sur le plateau de tournage. Je travaille avec ma femme sur le concept, puis avec un chef d'atelier pour donner vie à notre vision. Lorsque nous montons sur le plateau, je passe beaucoup de temps sur l'éclairage et le stylisme. Je règle même les moindres détails pour m'assurer que tout ressemble à ce que j'avais imaginé. Je photographie et dirige moi-même tous mes projets, et j'utilise désormais la Canon EOS R5 C pour tout. Pouvoir changer de mode tout en utilisant la même caméra est très pratique. »

Faites-vous beaucoup de retouches ?

« Je dis toujours que si je dois passer plus de 20 minutes à retoucher une photo, c'est qu'elle était mauvaise au départ. C'est différent pour la vidéo, cependant. J'utilise exclusivement le format Cinema RAW Light de Canon pour mes prises de vue et je travaille avec un coloriste pour obtenir un rendu très spécifique. J'apprends lentement à coloriser, en transférant mes connaissances de la photographie à la vidéo et en travaillant en étroite collaboration avec mon coloriste pour pouvoir absorber une partie de ses connaissances. »

« Je dis toujours : 'Faire d'abord et réfléchir après'. Se lancer dans des situations qui nécessitent des solutions est la seule façon d'apprendre. Vous trouverez vos réponses en commençant à créer, et non pas en vous asseyant pour réfléchir trop longtemps. »

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