5. Le contexte est essentiel
« Le public ne veut pas voir simplement de belles images, il veut du contexte ; la technologie dont nous disposons aujourd’hui peut le lui offrir. [Sur un site Web,] vous pouvez cliquer encore et encore pour en savoir toujours plus grâce aux légendes, faits et données. L’image ouvre la porte et éveille en vous des émotions, mais vous devez ensuite comprendre ce qui se passe. Dans un contexte de photojournalisme classique qui était parfois absent (la technologie ne se prêtait pas vraiment aux séries de prises de vue, nous n'avions pas assez d’informations sur le photographe et les légendes étaient souvent absentes), on se demandait si l’impact créé favorisait réellement la compréhension. »
6. Les photographes modernes doivent être polyvalents
« J'ai vu plus de propositions et de projets intelligents dans les 10 dernières années que jamais auparavant, car les photographes doivent aujourd'hui faire preuve de nombreux talents ; tout doit être parfaitement réfléchi. Ils ne peuvent plus se contenter d'avoir une grande aptitude visuelle. Ils doivent être éditeurs, photographes, commerciaux, archivistes, etc. Ce n'est pas facile, mais il semblerait qu’une grande partie de la jeune génération y parvienne. »
7. Les photojournalistes ont besoin de nombreuses sources de revenus
« En affaire, il faut toujours regarder d'où vient l’argent. C’est ainsi que l’on comprend les multiples facettes d'une activité. Dans l’état actuel, travailler pour les médias n’est pas lucratif pour un photojournaliste [en raison de la baisse des revenus liés à la publicité et aux kiosques à journaux pour de nombreuses publications imprimées]. Aujourd’hui, la plupart des photojournalistes gagnent leur vie en travaillant pour des ONG. Ce type de photographie, même s’il est réalisé par des photojournalistes fantastiques, n’est pas du photojournalisme : c’est une photographie de plaidoyer, où il vous est demandé de photographier quelque chose pour des personnes ayant un objectif bien défini. »
8. Nos héros ont travaillé aussi pour des entreprises
« Avec le financement participatif, les fondations et les ONG, les modèles de financement sont aujourd’hui plus vastes qu’auparavant. Cependant, après la [Seconde] guerre [mondiale], de nombreux photojournalistes ont eux aussi travaillé sur des missions commerciales ; la seule différence est qu’on n'en parlait pas. Travailler pour des entreprises n’était pas vraiment considéré comme valorisant. Henri Cartier-Bresson a travaillé pour IBM, par exemple. En fait, même à cette époque faste pour le photojournalisme, de nombreux photographes cherchaient d'autres moyens de gagner leur vie. Les missions commerciales comptaient beaucoup pour elles. »
9. L'avenir s'annonce bien
« Je suis optimiste concernant l’avenir. Beaucoup de jeunes ne veulent pas se contenter de documenter la réalité : ils veulent utiliser la photographie différemment, ce qui crée une imagerie plus riche dans le monde. À l’avenir, certains feront des reportages sur de grandes histoires mondiales, comme l’environnement et la migration, mais on aura également beaucoup de reportages locaux sur des choses qui n'étaient pas considérées comme intéressantes auparavant. Ces histoires locales couvriront des éléments fondamentaux pour la vie des personnes et montreront la vie quotidienne de manière beaucoup plus approfondie, en entrant dans les maisons des gens et en passant du temps avec eux. Visuellement, photographier ces éléments familiers est plus difficile que photographier une situation dramatique, comme l’abus de drogue ou la violence.
« Nous découvrirons également des histoires auxquelles nous ne pensons même pas pour le moment. Auparavant, on était censé voir une image et la comprendre immédiatement. Aujourd’hui, il existe une réelle ouverture face aux images moins explicites, qui stimulent le public et lui donnent l'occasion de réfléchir. Il existe toute une génération de personnes qui capturent des images qui font rêver, réfléchir et imaginer, et je trouve que c’est une excellente chose. »